mercredi 18 décembre 2013

400 erreurs dans « 5 conclusions scientifiques sur le cannabis dont les médias grand public ne parlent pas » dont les médias alternatifs ne parlent pas


Explication

Un article sur une théorie de complot concernant le cannabis est en train de circuler sur internet depuis quelques mois et comporte pas mal d'inexactitude. L'article en question se trouve à cet adresse: http://www.express.be/joker/fr/platdujour/5-conclusions-scientifiques-sur-le-cannabis-dont-les-medias-grand-public-ne-parlent-pas/198985.htm. Un certain nombre d'erreur s'y sont ainsi glissé, voici une correction. Si vous n'avez pas le temps de lire l'article, retenez juste que tout est faux.

Introduction
 

Les médias ne parlent pas des études sur la non-dangerosité du cannabis. Non, en effet, il y a très peu de médias généralistes qui en parlent. Si on fait une recherche sur google actualité, on en trouve quelques un comme celui-ci : http://www.leparisien.fr/magazine/grand-angle/sante-cannabis-sur-ordonnance-28-11-2013-3358115.php. Les études détaillées après dans l’article n’ont pas toutes eu de relais médiatique.

Dans un premier temps, il est important de comprendre comment fonctionne la méthode scientifique. Contrairement à ce que la plupart des gens imaginent, la production de savoir scientifique est en fait très facile et repose sur quelques mécanismes très simples.

Il existe trois principes de bases qui régissent l’esprit de l’analyse scientifique : la reproductibilité, la mesurabilité, la réfutabilité.

-   Reproductibilité : la méthode utilisée doit pouvoir être reproduite par n’importe qui. Cela implique une transparence totale de la méthode et des résultats.
-      Mesurabilité : Il est impératif d’établir des critères précis pour analyser un phénomène.
-    Réfutabilité : La question de recherche, les hypothèses doivent pouvoir être erronées. Cela peut sembler contre-intuitif mais si une hypothèse ne peut pas être fausse alors on ne saura pas créer une expérience qui démontre qu’elle est vrai. Pour qu’une expérience soit scientifique, elle doit pouvoir obtenir des résultats vrai ou faux. Ceci implique que la science n’est pas figée, il n’existe pas de vérités scientifiques mais seulement des connaissances qui ne sont actuellement pas fausse. Ainsi, à une époque on pensait que l’appendice ne servait à rien, aujourd’hui, on sait qu’il a une fonction. Toute connaissance scientifique peut être infirmée demain.

Après, il existe plein de détail, si cela vous intéresse, vous pouvez lire ce cours http://www.u-picardie.fr/~dellis/DemarcheScientifique/cours_1_ids.pdf. Mais en gros, avec ces trois principes, vous pouvez déjà réussir à distinguer la science de la pseudo-science.



Par exemple, l’astrologie est :

-  reproductible : tout le monde peut faire une prédiction astrologique en achetant un bouquin
-  non-mesurable : l’astrologie n’est pas mesurable car ses résultats sont flous et peu discriminant. Cela s’appelle l’effet Barnum. Par exemple, quand on dit que les balances sont des gens sensibles, tout le monde peut se retrouver dans cette catégorie. 
-   non réfutable : l’astrologie n’est pas réfutable car non mesurable. Si j’utilise des critères trop larges, je ne sais pas vérifier si c’est vrai ou faux.

L’astrologie n’est donc pas une science. Voici une brève liste de chose qui ne sont pas scientifique : l’astrologie, l’homéopathie, le créationnisme, la psychanalyse, l’acupuncture, la philosophie, la numérologie, la morphopsychologie, la graphologie, la télépathie, la télékinésie, la voyance, la religion, la plupart des théories psychologiques à l’exception des sciences cognitives, la politique, la plupart des sociologues, la PNL, la scientologie, la sorcellerie, les miracles, la chasse aux fantômes, le magnétisme, la phrénologie, les sourciers, la guérison par la prière, toute théorie à l’exception de la physique et la diététique qui se réfère à une « énergie », les superstitions, le taôisme, le bouddhisme, etc…

Évidement pour beaucoup de gens, si quelque chose n’est pas scientifique alors ce n’est pas acceptable. Cependant, c’est complètement faux. Par exemple, la psychanalyse, même si elle se réfère à des choses complètement fausses, a déjà aidé des gens (très peu mais bon). Ou alors, la PNL, qui utilise uniquement des idées fausses, a pourtant permis à pas mal de gens d’être plus à l’aise en société car ils se disent avoir tout compris de la communication.

La science obéit donc à des principes. N’importe qui peut faire de la science même sans diplôme ni qualification. De la même manière un scientifique peut avoir des propos complètement tort. Par exemple, James Dewey Watson, le découvreur de l’ADN et prix Nobel de médecine en 1962, a toujours été convaincu que les noirs étaient biologiquement programmés pour être bête et que la manipulation génétique devait servir à rendre les filles plus attirantes.

La science n’accepte pas l’argument d’autorité. Ce n’est pas parce qu’un scientifique dit un truc que c’est vrai. L’important, c’est la méthode.

Alors pour faciliter la communication scientifique, des revues spécialisées ont été créées. Celles-ci fonctionnent avec un comité de lecture par les pairs. Ceci permet d’éliminer les études loufoques ou manquantes de scientificité. Ensuite, ces études sont critiquables par n’importe quel citoyen. Ainsi, une expérience sur la physique quantique pourrait être réfutée par n’importe qui. (Chose qui est déjà arrivée).

Donc, au fil du temps, ces revues ont pris beaucoup d’importance et sont devenues les références de la recherche scientifique. Évidemment, puisque la science n’est pas figée, il s’agit de savoir provisoire. De plus, une étude reste une étude. Il n’y a pas de vérité scientifique. Une étude ne prouve donc pas que quelque chose et vrai mais plutôt que quelque chose n’est pas faux. Toutefois, des études aussi rigoureuse l’une que l’autre peuvent obtenir des résultats différents. Cela signifie que certaines variables n’ont pas été identifiées, ou qu’il y a une erreur ou etc… Cela veut aussi dire que deux théories opposées peuvent co-exister momentanément.

La recherche scientifique ne doit donc jamais être prise pour argent comptant. Richard Dawkins aime raconter que lorsqu’il était étudiant, un de ses professeurs a invité un chercheur en cours et celui-ci a réfuté toutes les théories de l’autre. Le professeur a terminé le cours en disant « cher confrère merci, je me suis trompé toute ma vie ».

Maintenant que nous avons vu le mécanisme scientifique, nous allons critiquer l’article « 5 conclusions scientifiques sur le cannabis dont les médias grand public ne parlent pas ».

Critique de l'article

A) Introduction de l'article
Le titre contient déjà 2 erreurs. La première est qu’il existe des conclusions scientifiques. Il n’existe pas de conclusions scientifiques définitives. Si des théories sont considérées comme « communément admise par la communauté scientifique » cela ne concerne que des théories qui ont été testée, retestées, re-re-re-re-re-re-retéstée comme la théorie de la gravité  (et encore Einstein l’a relativisée, lol) ou de l’évolution En tout cas, jamais une seule étude n’a permis d’établir une conclusion scientifique.

Ensuite, les médias grand public ne parlent pas de science. Jamais. Vous avez déjà entendu un média grand public parler de l’Optogénétique ? C’est pourtant une prouesse technique qui dépasse n’importe quelles autres technologies des 5000 dernières années (et qui malheureusement fera l’objet de future théorie du complot mais c'est un autre sujet). La réalité, c’est qu’il existe plus de 24 000 revues scientifiques et la plupart ont des parutions hebdomadaires et chaque publication comprend environ une dizaine d’études. Grosso modo, cela fait environ chaque semaine 240 000 études à éplucher.
Plus inquiétant, les revues scientifiques de vulgarisation comme Science & Vie ne vendent pas. Closer, Public, ou les journaux spécialisés en fait divers ont des tirages largement supérieurs à n’importe quelles revues scientifiques de vulgarisation. Les médias ne vont donc pas se casser la tète à parler de sujets qui n’intéressent personne. Les médias sont rationnels, ce sont les gens qui doivent être pointé du doigt. Et puis, de toute façon, la plupart des études réalisées actuellement sont extrêmement pointue et peu accessible.
 
« Les médias grand public et gouvernementaux ont la coutume de mettre en avant des études relatives aux prétendus dangers du cannabis sur la santé, et ignorent les diverses preuves scientifiques qui démontrent le contraire, écrit AlterNet.org »

Cette phrase est profondément dérangeante. Les médias mettent en avant les dangers du cannabis, très clairement. Par contre, lorsqu’ils disent « les prétendus dangers », c’est complètement malhonnête. L’article cite des études pour dire que le cannabis a des effets positifs et puis refuse d’admettre que les études démontrant des effets négatifs pourtant issues du même type revues scientifiques puissent avoir des conclusions valides. En gros, l’auteur décide de choisir de croire à certaines études et pas à d’autre en utilisant le critère qu’il n’apprécie pas leurs conclusions. Il fait donc ce qu’il reproche aux médias. Démarche pseudo-scientifique.

Deux choses à remettre en place :

1)      le cannabis présente des risques

-      Le cannabis endommage la mémoire (http://198.247.95.142/cdar/samples/cdar%201-1/Solowij.pdf). L’étude citée est ce que l’on appelle une « Review of Littérature ». Ce n’est donc pas vraiment une étude mais un récapitulatif de toute les études réalisées sur un sujet précis, ici ce sont toutes les études sur l’impact du cannabis sur la mémoire.
-   Le cannabis augmente le risque de cancer des voies respiratoires (s’il est fumé évidemment)
-       Le cannabis augmente le risque de stéatose et de fibrose chez les patients atteint par le virus de l’hépatite C
http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1542356507010506
-         Le cannabis peut provoquer des accidents vasculaires cérébraux
-         Le cannabis entraine des complications cardiaques (tachycardia, arythmie, etc)

-         Il existe d’autres complications liées à la consommation de cannabis mais il serait vraiment fastidieux de tous les présenter.

2)      les études citées dans l’article ne présentent pas de résultat contredisant les risques connus du cannabis

« Alors que des études avançant les dangers potentiels du cannabis sont encouragées par le gouvernement fédéral américain et couvertes massivement par les médias grand public, des conclusions scientifiques concernant les effets de la plante de cannabis passent souvent inaperçues. »

1)      Le gouvernement fédéral américain est radin, il n'encourage financièrement quasiment rien.
2)    Le gouvernement fédéral américain refuse régulièrement que l’on réalise des études nécessitant la production de cannabis. C’est tout. Il n’a rien à dire concernant les conclusions des études.
3)     Ironie du sort, les études citées par l’article sont référencée sur pub med. L’adresse web se termine par nih.gov. Ce qui signifie National Institute of Health, le gouvernement fédéral américain. D’ailleurs, dans le premier article cité par l’auteur, il est exactement dit que le National Institute of Health, the Institute of Medecine et The American College of Physicians sont très motivé de poursuivre ce genre d’étude (Physician veut dire médecin et non physicien ; physicien se dit physicist)
4)      Le gouvernement américain est souverain uniquement aux Etats-Unis. La production de connaissances scientifiques est mondiale. (« oui mais les Etats-Unis contrôlent le monde, je l’ai vu écrit sur un t-shirt à un festival »)

B) « La consommation de cannabis est associée à un risque de mortalité plus faible chez les patients présentant des troubles psychotiques »

L’auteur exagère les conclusions de l’étude. Selon lui « la consommation de cannabis engendrait des réactions psychotiques et des comportements agressifs chez les utilisateurs, plusieurs études scientifiques soutiennent la thèse opposée. C’est le cas de recherches de l’Université du Maryland School of Medecine aux Etats-Unis et de l’Université Inje en Corée du Sud ». L’étude ne contredit en rien le lien entre psychose et cannabis. Elle précise d’ailleurs que ce n’est pas l’objet de la recherche : « Thus, we cannot comment on the relationship of cannabis to schizophrenia per se in this study ».
Les résultats de l’étude s’inscrivent plutôt dans un courant théorique selon lequel le cannabis serait un système d’automédication chez les psychotiques.

Important :
-         il s’agit de la première étude sur le sujet
-         il n’y a pas d’explication sur les résultats

C) « La promulgation de lois sur l’usage médicale de la marihuana est associée à une quantité inférieure de suicides. »

J’ai beau lire et relire l’étude, je n’arrive pas à comprendre comment on arrive à cette conclusion.  Je ne suis pas d’accord avec la méthode de calcul. Ils n’ont pris en compte que les trois années avant et après la légalisation. Cela ne permet donc pas de se rendre compte d’une tendance globale. D’ailleurs, on voit dans leurs résultats que le taux de suicide n’a fait que baisser depuis 1990. Bien avant le changement de loi.

Ensuite, ils n’ont fait aucune corrélation avec le nombre de personne à qui on a prescrit du cannabis. Y-a-t’il eu tant de prescription dans les premières années de la légalisation ? Le taux de suicide ne s’explique pas que par la prescription d’un nouveau produit. D’ailleurs, le taux de suicide des 40-59 a augmenté dans les premières années de la légalisation. Pourquoi ?
On a donc éliminé que très peu de variable. Il existe un million de raison qui peuvent expliquer ces résultats. Je trouve que la conclusion est un peu forte. Pour info, cette étude n’a pas été publiée dans une revue à comité de lecture.


D) « Les effets de la fumée de cannabis dans les poumons sont moins problématiques que ceux du tabac »

L’article explique que « Certains médias ont déclaré le contraire comme Reuters qui affirmait que le risque de cancer provoqué par le cannabis est supérieur à celui de la cigarette »

Dans ce cas, Reuters citait cette étude   http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2516340/

L’auteur affirme que cette étude se trompe car il a trouvé deux études confirmant ses croyances.

La première étude citée ne contredit pas l’étude de « Reuters ». Ici, On parle de fonctionnement du poumon au quotidien, pas de cancer, c’est d’ailleurs bien expliqué dans l’article : « But he says the study doesn’t mean marijuana is safe. It was narrowly focused on lung function. It didn’t look at other possible dangers like cancer”.

Ensuite, il s’agit uniquement de consommateur de cannabis occasionnel (3 joint par mois et qui ne fume pas de cigarette). L’auteur explique l’inverse pour l’usage chronique : « there was some evidence that very heavy users -- those who smoked the equivalent of a joint a day for 40 years or lit up more than 25 times a month -- might lose lung function. ».

Pour conclure, l’auteur explique que le cannabis contient des substances toxiques qui peuvent être dangereuse et qu’idéalement il ne faudrait pas le fumer (mais, sous entendu, l’ingérer) “The smoke in marijuana contains thousands of ingredients, many of which are toxic and noxious and have the potential, at least, to cause airway injury,” Tashkin says. “In an ideal world, it would be preferable to take it in another form.”

Dans le cas de la deuxième étude citée, on nage en plein surréalisme. L’auteur fait un article pour dire que les études sur les bienfaits du cannabis ne sont pas relayées par la presse quotidienne. Et la source d’une étude qu’il cite provient du Washington Post… C’est-à-dire la presse quotidienne grand public…
A ce moment la, je vous avoue, j’ai eu envie de m’ouvrir les veines. Le type découvre des études sur le bienfait du cannabis et se lamente que la presse grand public n’en parle pas. Et une de ces études, il l’a découverte dans la presse grand public. 



En ce qui concerne les résultats, ils sont en effet bien surprenant. Il faut tout de même se rendre compte qu’il existe pas mal d’étude qui indique un lien entre cancer du poumon et cannabis. Elles sont citées plus haut. Face à des résultats contradictoires, il n’est pas question de trancher un débat mais bien de poursuivre les études (même si l’étude ne trouvant pas de lien entre cannabis et cancer contient quelques biais notamment le fait d’avoir limité l’âge des sujets).

E) « L’usage du cannabis est très légèrement associé à une hausse des accidents de la route. »

Voila ce qui est écrit dans l’article : « La BBC écrivait, l’année dernière, que les automobilistes consommant du cannabis au volant étaient la cause de deux fois plus d’accidents de circulation. Toutefois, une étude conjointe de l'université d'Aalborg au Danemark et de l'Institute of Transport Economics d’Oslo, a déterminé que les conducteurs sous cannabis engendrent moins d’accidents que ceux ayant consommé des substances telles que les opiacés, les tranquillisants, les antidépresseurs, la cocaïne, les amphétamines, les anxiolytiques ou l’alcool. Les risques d’engendrer un accident de la route sous cannabis sont similaires à ceux engendrés par la consommation d’antihistaminiques ou de pénicilline »

Le problème est que les liens donnés pour la BBC et l’étude de l’université d’Aalborg font référence à la même étude. Dans un premier temps, je me suis que c’était bizarre de réfuter une étude avec la même étude. Après coup, je me suis dit qu’il s’agissait d’une erreur et je me suis mis à chercher la fameuse étude de l’université d’Aalborg.

Bon, tout d’abord un peu de logique. L’étude de la BBC ne dit pas que les consommateurs de cannabis causaient deux fois plus d’accident que les autres. Ce qui est juste idiot puisque déjà il y a deux fois plus d’accident que de fumeur de cannabis. Mais il s’agit d’une technique efficace de complotiste, modifier les propos des autres pour les rendre erronés et ensuite avoir plus facile pour les critiquer. L’étude de la BBC explique qu’une personne qui a fumé du cannabis a deux fois plus de chance d’avoir un accident qu’une personne qui ne fume pas. Ce sont des facteurs risques, pas des chiffres dans l’absolu.

Ensuite, il est clair que le cannabis n’est pas la drogue la plus invalidante. Le fait que le cannabis soit moins risqué pour la conduite que l’héroïne, ne signifie pas qu’il n y a aucun risque.

Ce que l’auteur de l’article ne précise pas c’est que l’étude qu’il cite en exemple explique l’importance de l’effet dose. En effet, c’est complètement idiot de comparer des produits sans parler de l’effet dose. Boire un verre d’alcool ou fumer 10 joints ne produit par la même invalidité.


Les études sur les facteurs de risque liés aux drogues sont finalement peu fiables (du propre aveu de leurs auteurs) car les contrôles de dépistage après un accident sont rares (Moins de 60%). Les résultats sont toujours très hétérogènes, ce qui explique la divergence entre la BBC et l’autre étude citée.

Par contre, je trouve les études avec simulateur de conduite plus intéressante car elles permettent de comparer en temps réels la réaction des gens en fonction du produit et de la quantité consommée.

Dans ce cas, la consommation de cannabis est clairement responsable de plus d’accident.

F) « La classification du cannabis comme une drogue de classe 1 aux Etats-Unis est un parfait mensonge scientifique. »

"Au niveau fédéral, aux États-Unis, le cannabis est classé comme une substance de classe 1, ce qui signifie qu’il ne possède aucune vertu thérapeutique et qu’il constitue un danger pour la santé tout comme l’héroïne. C’est scientifiquement inexact et intenable, explique AlterNet.org qui précise que cette loi est totalement caduque. Telles sont les conclusions de la FDA, la Food and Drug Administration (« Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux ») et d’études menées sur douze ans par le Center for Medicinal Cannabis Research de l’Université de Californie qui ont montré les cannabinoïdes ont des effets positifs dans le traitement des douleurs neuropathiques, de la spasticité relative à la sclérose en plaque, de la migraine et du cancer."

Tout d’abord, aux Etats-Unis, il existe une loi qui classe les différentes drogues potentielles, le Controlled Substances Act. Il faut savoir qu'en anglais le terme « Drugs » n’a pas tout à fait le même sens que le mot drogue. En anglais, le mot désigne à la fois une drogue et un médicament. Cette loi classe donc autant des médicaments que des drogues récréatives mais ne vise que des substances potentiellement addictives, à l’exception de l’alcool et du tabac (mais c’est une autre histoire).
Le Controlled Substance Act établit 5 catégories de substance. La première catégorie regroupe les substances qui :

-         ont un potentiel addictif important
-         n’ont pas de traitement médical communément admis
-         ne sont pas suffisamment sure pour un usage médical supervisé

Cette catégorie regroupe le cannabis, l’héroïne, le GHB, la MDMA, etc. Deux choses à noter :

-      la cocaïne n’est pas reprise dans la catégorie 1 mais dans la 2eme
-     seuls les trois critères sont pris en compte, pas la dangerosité du produit. On retrouve d’ailleurs dans cette catégorie des produits très peu dangereux comme la Fenethylline

Selon l’article, le cannabis n’a pas sa place dans cette catégorie et même la FDA le dit. Alors, en fait, c’est idiot car c’est la FDA qui décide si une substance peut-être considérée comme étant un traitement médical sûr. C’est-à-dire deux des critères du Controlled Substance Act. Alors, si la FDA trouve que le cannabis est un traitement médical acceptable alors il sera classé dans une autre catégorie. Et c’est d’ailleurs le cas. Oui, vous lisez bien, le cannabis se retrouve dans différentes catégories. Que pense donc la FDA du cannabis ?

-         le cannabis n’est pas un traitement efficace contre les symptômes du cancer ou de la chimiothérapie.
-     le dronabinol (Marinol, fabriqué par Solvay…) et le nabilone (Cesamet) sont des traitements efficaces contre les symptômes du cancer et de la chimiothérapie mais aussi de l’anorexie chez les personnes atteintes du SIDA.  Ces deux produits sont en fait du cannabis thérapeutique, un isomère (c’est deux formules moléculaire similaire mais différentes dans l’agencement) de THC synthétique.

Ces deux dernières substances sont d’ailleurs classées dans la catégorie 3 comme la kétamine, certaines barbituriques et produits anesthésiant. Ce sont, en gros des médicaments qui peuvent engendrer une dépendance mais qui sont moins dangereuses que les substances de la catégorie 1 et 2. Ces  produits sont donc légaux mais leurs détentions et fabrications sont fortement réglementées.

Alors, c’est clair qu’il y a quelque chose de bizarre, le THC classique est en catégorie 1 et deux de ces isomères (les mêmes molécules mais dans une forme différentes) sont en catégories 3. Quel est donc la différence ?
C’est très simple, le dronabinol et le nabilone ont passé des tests cliniques rigoureux pour prouver leur efficacité. La certitude d’efficacité n’existe que pour les substances testées et pas pour les produits ressemblants. De plus, les risques de ces deux produits sont connus et sont acceptable, ce qui n’est pas le cas du cannabis au sens commun. Fumer un joint ou prendre du dronabinol, ce n’est pas la même chose. Le fait de segmenter le cannabis en différente catégorie est clairement un problème. C’est d’ailleurs, ce qui est dénoncé dans l’étude citée dans l’article. Il n'y a donc pas de complot mais simplement un processus de classification scientifique long et complexe.

Par ailleurs, il est intéressant de savoir que l’OMS recommande de placer le dronabinol dans la catégorie 5 (page 10 http://whqlibdoc.who.int/trs/WHO_TRS_915.pdf).


Conclusion

Les informations présentées dans l’article sont soit fausses, soit mal interprétée, soit lacunaires. L’argument principal : « le gouvernement américain empêche la diffusion d’étude sur les effets positifs du cannabis «  est tout simplement faux.  Premièrement, Il s’agit d’ailleurs d’un des premiers pays (le seul ?) à avoir largement financé des études sur les effets thérapeutiques du cannabis. Secondement, Il s’agit aussi d’un des seuls pays au monde (le seul ?) à proposer du cannabis thérapeutique à ses citoyens.




Le cannabis peut avoir des effets positifs dans certains cas et la recherche doit clairement être encouragée. Par contre, utiliser les effets positifs pour complètement faire oublier les risques est tout simplement criminel. Un seul et même objet peut avoir des effets négatifs et positifs. 

Si vous fumez du cannabis, c’est que cela vous procure une sensation agréable. Se dire que ce produit est bon pour la santé car il peut atténuer les symptômes des chimiothérapies, c’est se donner des excuses (pseudo)rationnelles pour continuer un comportement qui est avant tout émotionnel. Si vous souhaitez réellement faire quelque chose de bon pour votre santé, faites du sport.

1 commentaire:

  1. Ouah : tout ce travail pour chercher la petite bête. Et bien moi aussi je pourrai démolir nombre de vos arguments ... mais je n'en ai pas le temps. Je le fais déjà et tous les jours à Chanvre Info que je vous convie à venir consulter ... avec un regard critique bien entendu !

    Juste à vous prévenir qu'il existe un site spécialisé dans le référencement de toutes les expérimentations réalisées sur le cannabis et ses dérivés : l'IACM Bulletin (http://www.cannabis-med.org/french/bulletin/iacm.php), et que vous y trouverez des études plus récentes qui contredisent une partie de vos arguments.

    En science, les théories changent selon les époques, c'est bien connu ! Les progrès de la technologie impliquent aussi des progrès de notre compréhension des choses. Les accusations au sujet de la mémoire, de la schizophrénie, de certains cancers, ... et d'autres problèmes que l'on imputait au cannabis, ont pris du plomb dans l'aile ! Même la célèbre étude sur le QI a été réfutée ! C'est pas faux de dire que la prohibition met en avant ses recherches et taisent celles qui les contredisent !

    Et puis il y a des histoire de gros sous et de pouvoirs tant chez les entreprises pharmaceutiques que dans la façade politique de la prohibition. Vous les passez un peu à la trappe !

    Le Dronabinol et le Marinol ne sont pas les médicaments miracles et super adaptés que vous dépeignez : ce THC de synthèse s'avère donner mal à la tête et provoquer des crises d’angoisses alors que le même THC, naturel toutefois, accompagné d'autres cannabinoïdes tout autant naturels, ne produit pas ces inconvénients.

    C'est apparemment grâce au cannabidiol, qui est une sorte d’antagoniste au THC et se révèle régulateur dans ces effets. Ne tombez pas dans une logique d'argumentation commerciale du genre mon produit est meilleur que l'autre ..; c'est pour de la vente tout cela et cela n'a rien de scientifique. Michel Debré nous a sorti le même baratin de supériorité du médicament Sativex sur sa forme naturelle mais il s'est fait griller à ce jeux ! Ceci-dit, le Sativex est un bon médicament car il intègre du cannabidiol au THC !

    Non franchement, le cannabis est bien une drogue et à ce titre, il faut mieux en contrôler sa consommation. Idem, cela ne me viendrait pas à l'esprit d'en distribuer aux gamins ... ! Mais franchement, la plante a bien été victime d'un complot industriel et il faut chercher dans ses raisons d'interdiction, d'autres motivations que la seule Santé publique !

    Bien joué, mais ce n'est pas encore cela ! Jouez un peu plus dans le coté "thèse et antithèse" pour affiner votre synthèse ! Allez, c'est de bonne guerre !

    Sincères salutations

    jean-louis Bouvarel

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